Calcification de l’épaule

Les informations ci-dessous concernant les calcifications de l’épaule s’adressent aux patients qui cherchent à mieux comprendre et à mieux préparer la consultation avec leur médecin. Le but est de favoriser et d’éclairer le dialogue avec le médecin qui seul peut avoir une conduite adaptée à chaque cas.

Il s’agit de dépôts calciques sur ou dans les tendons de la « coiffe des rotateurs », d’où l’appellation synonyme de « tendinopathie calcifiante de la coiffe ». La « coiffe des rotateurs » est constituée d’un ensemble de muscles et de tendons recouvrant la tête de l’humérus et permettant divers mouvements de l’épaule y compris les rotations (cf. chapitre sur l’anatomie).

La consistance de la calcification est  variable au cours du temps selon la phase évolutive dure,  crayeuse, molle comme de la pâte dentifrice ou encore laiteuse.

LES CAUSES : Il y a plusieurs théories pour expliquer la formation de ces calcifications qui ne sauraient être détaillées.  Ce que l’on sait avec certitude c’est que l’alimentation et en particulier l’absorption de laitages n’est pas en cause. Elles ne sont pas liées non plus à un accident sportif ni à un accident du travail.

SYMPTOMES ET EXAMEN CLINIQUE

Il s’agit d’une affection fréquente chez le sujet de moins de 60 ans, plus encore chez la femme de 40 ans. Elle peut atteindre les deux épaules.

Souvent on découvre la calcification par hasard sur une radiographie demandée pour une autre raison alors qu’elle ne cause pas de gène, on dit qu’elle est « asymptomatique » et aucun traitement n’est nécessaire.   

Parfois  les calcifications provoquent des douleurs extrêmement aigües, bloquant le bras le long du corps et empêchant de dormir. C’est une crise très éprouvante mais qui provoque la diminution voire la disparition de la calcification en 8 à 10 jours et entraîne fréquemment ainsi la guérison.

Enfin, les calcifications peuvent être à l’origine de douleurs chroniques lors de certains mouvements. Mais attention seule l’expérience du médecin permettra de savoir si la calcification est bien responsable de la douleur.

EXAMENS COMPLEMENTAIRES

On  différencie 4 types de calcifications selon l’aspect sur la radiographie standard. La classification la plus connue est celle  de la Société Française d’Arthroscopie. On différencie ces différents types de calcifications car elles n’ont pas la même évolution et ne relèvent pas du même traitement.

Type A : calcification homogène à contours nets

Type B : calcification homogène polylobée ou fragmentée à contours nets (les plus fréquentes)

Type C : calcification hétérogène sans contours nets (qui peut-être une évolution des

Type D : enthésopathie calcifiante à l’insertion du tendon sur le trochiter, c’est-à-dire ossification du tendon à son point d’attache sur l’os.

 Les calcifications sont visibles sur la radiographie standard, c’est pour cette raison qu’il  faut commencer par pratiquer cet examen en première intention.

Elles ne sont pas visibles en IRM. Cet examen est en revanche performant pour visualiser l’ensemble des structures de l’épaule

L’échographie peut être une méthode intéressante pour approcher la consistance de la calcification, ce qui peut influer sur le type de traitement choisi.

TRAITEMENT

Au moment d’envisager un traitement, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit d’une pathologie bénigne, dont l’évolution est naturellement favorable, d’où la gradation prudente des traitements proposés (1,2).

Dans tous les cas, on a recours au traitement des symptômes : Antalgiques, anti-inflammatoires. Si les douleurs persistent plus de 10 à 15 jours : infiltrations de corticoïdes, physiothérapie par ultra-sons.

Une infiltration : c’est l’injection d’un dérivé cortisonique auprès de la calcification. Elle peut être réalisée au cabinet du médecin ou dans un cabinet de radiologie, guidée par la radio ou l’échographie.   Il faut signaler au médecin si vous êtes diabétique, si vous prenez des anticoagulants ou de l’aspirine.

Si ces traitements ne sont pas suffisants, au bout de 2 à 3 mois (ou moins), on peut avoir recours à des traitements visant la disparition de la calcification :

  • Ponction-lavage-aspiration radio-guidée : on l’appelle aussi ponction-fragmentation-lavage ou encore trituration-aspiration mais on évite d’employer ce terme qui peut-être inquiétant. En fait, nulle raison de s’inquiéter, le geste est réalisé sous guidage radiographique et sous anesthésie locale. Il consiste à ponctionner la calcification à l’aide d’une aiguille placée en regard de la calcification grace au repérage radiologique et à laver avec du sérum physiologique. La calcification est fragmentée, ramollie et aspirée. On termine le geste par une infiltration de corticoïdes, ou pas selon les indications. Les contre-indications sont les mêmes que pour les infiltrations, les allergies à l’iode et au produit d’anesthésie. Il peut y avoir une réaction douloureuse dans les 48 h qui suivent. Mieux vaut donc prévoir un jour de repos le lendemain du geste et se faire accompagner. L’aspiration n’est parfois pas complète mais les résultats sont favorables dans 60% des cas environ.
  • Ondes de choc extra-corporelles ou lithotritie : il s’agit d’impacts par des ultra-sons délivrés par des machines de forte puissance, différentes des machines à ultra-sons utilisées par les kinésithérapeutes. Peu de centres possèdent cet équipement, ce qui fait que ce traitement est peu utilisé en France. Ce traitement nécessite plusieurs séances et est douloureux. Il peut fragmenter la calcification ou provoquer une réaction favorable au sein du tendon. Les résultats doivent encore être confirmés.
  • Exérèse chirurgicale de la calcification sous arthroscopie : Apparaît comme le traitement à envisager après échec des méthodes précédentes cf. traitement chirurgical. Ce traitement permet de retirer la calcification et parfois, selon les cas, d’augmenter l’espace sous acromial pour améliorer le passage des tendons lors de l’élévation du bras en réalisant une acromioplastie (Cf. Chapitre acromioplastie sous arthroscopie). Ce traitement donne de très bons résultats 3 à 4 mois après l’intervention.